LETTRE DU SYNDICAT DE L'ARCHITECTURE A LA MINISTRE DE LA CULTURE


 Syndicat
de l'Architecture


Madame Aurélie Filippetti
Ministre de la Culture
3 rue de Valois
75001 Paris



Paris le 22 Mai 2012


Madame la Ministre,

Nous nous réjouissons sans aucun doute de votre nomination au ministère de la culture.
Vous n’ignorez pas que l’architecture, qui en dépend, s’est vue dissoute dans la direction du patrimoine et ne semble pas constituer depuis plusieurs années une priorité pour ce ministère.
Ainsi les organes représentatifs de la profession, l’Ordre des architectes et les deux syndicats, l’Unsfa et le Syndicat de l’Architecture, se posent-ils la question de l’hébergement de l’architecture.
Certes le Président de la République et le premier ministre n’ont pas opté pour un grand ministère de l’aménagement prenant en compte l’urbanisme, l’architecture responsable, le cadre de vie. De même n’apparaît pas l’idée d’une délégation interministérielle de l’architecture auprès du premier ministre qui pourtant aurait pu répondre aux dépendances multiples de notre action.
Nous souhaiterions vous rencontrer pour évoquer avec vous nos espoirs d’une réelle reconnaissance de l’Architecture comme valeur sociale et culturelle.
Nous pourrions également évoquer le problème du droit d’auteur à propos de l’affaire du musée de l’Arles antique d’Henri Ciriani qui émeut architectes et critiques architecturaux du monde entier ainsi que celui posé par le décret modificatif pris par Benoist Apparu après l’élection de François Hollande et qui concerne le seuil de recours à l’architecte.
Nous vous joignons ici le numéro spécial édité par notre syndicat qui contient les questions que nous posions aux candidats à l’élection présidentielle.

Dans l’espoir de cette rencontre,
Nous vous prions de croire, Madame la ministre, à l’assurance de notre haute considération


Le Président

Patrick COLOMBIER

LETTRE DE LA REVUE THE JOURNAL OF ARCHITECTURE A LA MINISTRE DE LA CULTURE


Madame Aurélie Filippetti
Ministre de la Culture et de la Communication
3 rue de Valois
75001 Paris

vendredi 18 mai 2012

Madame la Ministre,

Musée départemental Arles antique – violation

Quelle cruelle ironie que la construction d'une intervention illettrée, qui détruit un chef d'œuvre architectural reconnu universellement, soit hâtivement entreprise pour collaborer à la célébration de Marseille-Provence comme capitale européenne de la culture 2013.

La forme du Musée départemental Arles Antique, de Henri Ciriani, fut conçue comme un triangle, son périmètre étant défini par des panneaux bleus d'une extraordinaire versatilité qui encadrent des émergences sculpturales et définissent les trois angles: des inventions plastiques d'une finesse extraordinaire complétant chacune des longues façades. Le Département des Bouches du Rhône, gardien régional du musée, a déjà démoli l'angle nord pour faire place à une extension qui enfreint totalement l'intégrité de l'architecture. L'indignation exprimée universellement devant ce désastre a été, jusqu'à présent, ignorée par le Président du Conseil Général des Bouches-du-Rhône, et la destruction continue.

Votre ministère est investi de la responsabilité de préserver le patrimoine de France au nom de l'Etat, de protéger les objets, les sites et les bâtiments considérés culturellement précieux à long terme. Parmi les trésors architecturaux il est indispensable d'inclure le Musée Départemental Arles Antique, lauréat d'un concours, qui fut acclamé par la critique internationale lors de son ouverture en 1995. C'est un des Grands Projets Français et une œuvre majeure de l'architecture moderne.

Ciriani, qui ne fut pas informé de l'extension, encore moins invité à participer en contradiction avec ses droits intellectuels, a indiqué qu'il est prêt à collaborer avec le Département des Bouches-du-Rhône pour intégrer la nouvelle pièce archéologique, une barque draguée du Rhône, sans nuire à l'intégrité de l'ensemble.

Nous vous exhortons d'abord à arrêter le chantier en cours, ensuite à nommer Ciriani consultant sur ce projet auprès du Département des Bouches-du-Rhône.

Le bâtiment mit douze ans à germiner et la barge git enterrée durant deux mille ans. Aussi, la ruée pour tenir des délais artificiels n'aura aucune valeur lorsque la postérité aura à juger de l'héritage. Cette lettre ouverte vous implore de prendre une action décisive dans l'intérêt du patrimoine de France.

J'écris au nom des membres de la rédaction du The Journal of Architecture, une publication qui circule dans plus de trente pays; nous sommes consternés par cette mascarade culturelle.

Je vous prie de croire, Madame la Ministre, à l'expression de ma plus haute considération

(signé Allen Cunningham)

Allen Cunningham            (Architect, UK and France-Chairman of the Editotial Board)
John Allan                       (Architect, Principal Avanti Architects, London)
Barnabas Calder             (Lecturer, Architectural History, Strathclyde University, Scotland)
David Dunster                 (Architect, Professor, University of Liverpool)
Murray Fraser                 (Professor, Bartlett School of Architecture, London University)
Peter Gibbs-Kennet        (Editor, Gloucestershire, UK)
Christoph Grafe              (Associate Professor of Architectural Design, Delft University of
                                      Technology, the Netherlands)
Eeva-Liisa Pelkonen       (Associate Professor, Yale University School of Architecture, USA)
Barbara Penner              (Professor, Bartlett School of Architecture, London University)
Charles Rice                   (Professor, Head of School, School of Art and Design History
                                      Faculty of Art, Design and Architecture, Kingston University,
                                      London)

fac simile :


LETTRE DE GEORGES ADAMCZYK, PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE MONTREAL, A JEAN-NOEL GUÉRINI


Montréal, le 15 mai 2012


Monsieur Jean-Noël Guérini
Président du CG13
Hôtel du Département
52, avenue de St-Just
13004 – Marseille
France


Objet : Le Musée de l’Arles Antique vandalisé


Cher monsieur,

Stupeur et déception sont les deux sentiments qui nous ont assaillis sur le vif de la découverte de l’action brutale engagée par les services du département pour modifier, sans aucune prudence et sans aucun respect, une des grandes œuvres du renouveau de l’architecture moderne en France. Il s’agit, sans aucun doute, d’une erreur administrative qui sera rapidement corrigée, rétablissant ainsi la valeur artistique et la valeur de témoignage d’un chef d’œuvre conçu par l’architecte Henri E. Ciriani, l’un des grands maîtres de l’esprit moderne.

Le rayonnement des réalisations d’Henri E. Ciriani au Québec, en particulier, a été ponctué de plusieurs visites mémorables dans nos écoles de design et d’architecture. Loin du bruit agaçant des célébrités, il a donné une impulsion formidable au renouveau de la formation des architectes. Il a su nous transmettre sa rigueur disciplinaire et ses exigences intellectuelles hors du commun. Son enseignement et sa pédagogie sont de véritables modèles de référence et une inspiration toujours stimulante dans le monde académique de l’architecture.

Le Musée de l’Arles Antique, une œuvre dont l’accomplissement fut long et ardu, représente donc un exemple patrimonial unique. Il ne s’agit pas seulement d’expérience, d’histoire ou d’art, mais aussi d’un patrimoine formidable d’idées, une sorte de grande leçon construite pour les générations futures d’architectes.

En tant que responsable associé au Laboratoire d’étude architecturale potentielle à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, j’ai souvent recours, comme mes collègues, aux exemples des grands concours d’architecture lancés en France durant la période du Président Mitterrand. Loin des lumières de la capitale, sous le ciel bleu du midi, le concours d’Arles fut un concours exemplaire répondant à tous les critères d’une conduite démocratique soucieuse de la place du public et respectueuse des droits d’auteurs.

Une fois passé l’effroi de cette malveillante initiative, nous pouvons vous assurer que vous aurez toute notre plus grande considération lorsque, sur vos instructions éclairées, la restauration du musée sera promptement accomplie.

Je me permets de joindre ma voix à celles de ceux qui souhaitent qu’Henri E. Ciriani soit consulté sur les conditions d’une addition, d’un agrandissement ou d’une annexe visant à accueillir les objets archéologiques récemment découverts et à faire partager par un plus grand public l’histoire et la beauté de ces lieux dans la résonnance extraordinaire que l’architecture du Musée a su y instaurer. Votre magnifique cité d’Arles, que serait-elle sans son héritage architectural?

Avec mes plus cordiales salutations,

   

Georges Adamczyk, professeur d’architecture
Université de Montréal

fac-simile :


DO.CO.MO.MO. INTERNATIONAL PROTESTE A SON TOUR

DANS UNE LETTRE A JEAN-NOEL GUERINI


Barcelona, May 11,2012

Monsieur le Président,

Docomomo is the international organization for the documentation and conservation of buildings of the Modern Movement. The organization, that is considered internationally to be the guardian of 20th century architecture, has active working parties in 58 countries. Your Ministry kindly funded our International Secretariat from 2002-2008.

Le Département des Bouches du Rhône is the guardian, on behalf of the French Nation, of Le Musée Départemental Arles Antique won in competition and opened in 1995 to international critical acclaim. It is one of France's Grands Projets a major work of French modern architecture by Henri Ciriani.

The published images of the proposed extension cause grave concern on two counts. First, the form taken by the proposal violates the integrity of Ciriani's architecture which was conceived as a triangle, its perimeter defined by blue planes of extraordinary versatility which frame sculptural outcrops and define the three apexes, plastic inventions of considerable finesse, terminating each of the extensive facades. Second, it transpires Ciriani was not informed of the extension let alone invited to cooperate, thereby contravening his intellectual rights.

The demolition of one apex, to make way for an illiterate intervention into this major cultural artefact is already a disaster. There should be an immediate halt to current works and the site secured.

Ciriani has indicated his willingness to cooperate with Le Département des Bouches du Rhône on how the new exhibit, a Roman barge dredged from the Rhône, might be incorporated without challenge to the integrity of the whole, and it follows that he should be appointed as consultant without delay.

It is essential for all parties to accept that the over-riding responsibility is to ensure the building, together with whatever extension is realized, displays for posterity the cultural standards established by the original project. The proper Statement of Significance should be prepared to inform and assess any new interventions.

The building took fifteen years to germinate and the barge has waited two thousand years, so any rush to meet artificial deadlines will not figure in posterity's judgment of the inheritance.

Yours sincerely,

Prof. Ana Tostoes, Chair of Docomomo International
Prof. Hubert-Jan Henkel, Honorary President of Docomomo

copie: Frédéric MITTERRAND, Ministre de la Culture et de la communication

fac simile :




TRADUCTION :


do.co,mo.mo_

Groupe de travail pour la DOcumentation et la COnservation
des bâtiments du MOuvement MOderne,
de leur site et de leur ensemble urbain

Monsieur Jean Noël GUERINI
Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône
52 avenue Saint Just
13256 Marseille Cedex 20

Barcelone, 11 mai 2012

Monsieur le Président,

Docomomo est une organisation internationale pour la documentation et la conservation des bâtiments du mouvement moderne. L'organisation, qui est considérée internationalement comme le gardien de l'architecture du XXème siècle, comporte des groupes de travail actifs dans 58 pays. Votre Ministère a gracieusement subventionné le secrétariat international de 2002 à 2008.

Le Département des Bouches-du-Rhône est le gardien, au nom de la nation française, du Musée départemental Arles Antique dont le projet gagna un concours et le bâtiment fut acclamé par la critique internationale lors de l'inauguration en 1995. C'est un des Grands Projets Français et une œuvre majeure de l'architecture moderne par Henri Ciriani.

Les images publiées de l'extension proposée sont inquiétantes à plus d'un titre. Premièrement, la forme que prend la proposition viole l'intégrité de l'architecture de Ciriani qui fut conçue comme un triangle, son périmètre étant défini par des panneaux bleus d'une versatilité extraordinaire qui encadrent des émergences sculpturales et définissent les trois angles, des inventions plastiques d'une finesse considérable, qui terminent chacune des longues façades. Deuxièmement, on constate que Ciriani ne fut pas informé de l'extension, encore moins invité à coopérer, en contradiction avec ses droits intellectuels.

La démolition d'un angle pour faire place à une intervention illettrée dans cet objet culturel majeur est en soi un désastre. Il faudrait arrêter le chantier immédiatement et sécuriser le site.

Ciriani a indiqué sa volonté de coopérer avec le Département des Bouches-du-Rhône pour intégrer à la collection actuelle la nouvelle pièce d'exposition, une barque romaine trouvée dans le Rhône, sans nuire à l'intégrité de l'ensemble et, il s'ensuit qu'il devrait être nommé consultant sans plus tarder.

Il est essentiel pour l'ensemble des parties concernées d'accepter que la responsabilité primordiale est de s'assurer que le bâtiment, avec quelque extension qui puisse être construite, présente à la postérité le niveau culturel établi par le projet original. Un cahier des charges devrait être établi qui informe et évalue toute intervention nouvelle.

Le bâtiment a pris quinze ans à germer et la barque a attendu deux mille ans; par conséquent il n'est pas urgent de tenir des délais artificiels qui ne n'auront plus de valeur lorsque la postérité aura à juger de l'héritage.


Sincèrement vôtres

Prof. Ana Tostoes, Présidente de Docomomo International
Prof. Hubert-Jan Henkel, Président Honoraire de Docomomo

Copie: Frédéric MITTERRAND, Ministre de la Culture et de la communication

(traduit par M.Espejo)





WILLIAM CURTIS PROTESTE DANS L'ARCHITECTURAL REVIEW D'AVRIL-MAI 2012

VANDALISM IN THE LAND OF PATRIMOINE
THE WRECKING OF CIRIANI’S MUSEE DE L’ARLES ANTIQUE 
Copyright: William J. R. Curtis, April 2012   
Architectural Review, April-May 2012 ,    'OUTRAGE'  SECTION   

The Ministry of Culture in France makes a big deal out of the notion of ‘patrimoine’. The word implies a collective heritage handed on from generation to generation and applies to many other things than just architecture. It is a concept which has vaguely political overtones to do with the very idea of a republic – res publica, the public thing – and it implies the role of the state in the protection of objects, sites and places considered to be in the general interest of society in the long term (‘ biens publics’). Of course many of these sites and buildings are’ inherited’ forcibly from previous aristocratic, royal and religious properties: châteaux, monasteries, churches, gardens, palaces. In recent years the concept of ‘patrimony’ has been extended internationally under the aegis of UNESCO to apply to a more universal framework: the patrimony of  humanity. This now includes sites of great natural beauty all over the world and even, bizarrely, ‘the Gastronomic Meal of the French’ (whatever that is!!).This last one is quite hilarious especially at a time when more and more French people are in reality indulging in ‘le fast food’.

The architectural patrimony of France requires a massive upkeep, and the sums of money which the state invests in restoration and maintenance are impressive. Beyond a duty to the past there is no doubt a strong appreciation of the income derived from tourism and from the attractiveness of a country combining great natural beauty with an overall commitment to ‘la culture’. By comparison Britain is grubby and money grabbing: what a horrendous experience it is to try to visit Westminster Abbey or St Paul’s and be presented with tickets which for an entire family may lead to a total of more than fifty pounds. Roughly a decade ago I went back to the cathedral of my childhood, Canterbury, and in addition to being harassed for money at the entrance, was confronted inside by an official panel stating that Christianity more and more resembles running a business!! The privatisation of public space and the reduction of the sacred to mercantilism go hand in hand in declining Britain. It is time to chase the moneylenders from the temple. The state, instead of wasting lives and millions on aimless wars, should look after the family silver.

In France the architectural patrimony is overseen in part by the Monuments Historiques and their related architects, craftsmen and consultants including art historians and scientists. Among these custodians of the past are the Compagnons who are trained in traditional skills of masonry, carpentry and handicraft. The restoration record is largely positive where old, pre-industrial buildings such as châteaux and cathedrals are concerned but it is less glorious when it comes to twentieth century buildings made out of concrete and steel. There is nowhere near the same scholarly rigour and level of expertise. The Monastery of La Tourette by Le Corbusier is a case in point. It has been under restoration for four years and there have been grave errors, especially in the ‘musical glazed panels’ or ‘ondulatoires’ originally designed with the input of Xenakis, the engineer and avant-garde musician.  The subtle rhythms between the concrete struts (laid out according to the Modulor) have been badly disturbed by replacing slender brass fillets with gross aluminium and plastic pieces which utterly destroy the magic of the original glazed membranes. It is as if one were to change the thickness of the black lines in a Mondrian or the notes in a Bach fugue. I raised the roof about this in a letter with the title ‘Tutta Quella Musica’ (a reference to Leon Battista Alberti and divine proportions) and the work was stopped while inspections were made. Matters were improved somewhat in similar windows in the inner court. But the west façade has been sacked and will have to be redone.

Where the smallest Romanesque chapel in the middle of the Massif Central is concerned, the Ministry of Culture, its Direction de l’Architecture and the Monuments Historiques are vigilant concerning the possible intrusiveness of nearby construction. But they are much less so where twentieth century masterpieces are concerned. This was well demonstrated with the case of Le Corbusier’s Chapel at Ronchamp and the problematic project by Renzo Piano for a convent and entrance pavilion nearby. Piano’s original scheme was obviously far too close to the Chapel and in conflict with it in form and scale, but it was only after much pressure was exerted that the scheme was moved slightly further away (not enough). But the Ministry of Culture was not on the side of the angels in this dispute and turned a blind eye, or maybe has eyes which do not see? My own approach to this problem was to avoid the petitions for and against (which were largely caricatural), to publish a balanced piece in the Architectural Review (October 2008) and to write directly to the architects requesting politely that they quieten down their jagged roof forms and make the buildings as invisible as possible. Only now with the landscaping going in can one properly assess the result (the subject of a future critical article in AR).

The Musée de l’Arles Antique was designed by Henri Ciriani thirty years ago to house Roman statues, mosaics and archeological fragments, and to serve as an introduction to the rich ancient history of the region. Ciriani deliberately avoided direct reference to Antique architectural figures such as the nearby Roman arena and selected a triangular form to address the different directions of the site next to the river Rhone. He orchestrated a free plan with ramps, pilotis and skylights, and clad the exteriors in bright blue glass panels. He brought the triangle alive by extending abstract planes into the surroundings, overlapping them at the corners in a way which created voids and incited a pinwheel action. The Musée took a long time to complete but in retrospect clearly belongs to a period when there was maximum support for modern architecture in France: the early Mitterand years which also saw the launching of the Parisian Grands Projets. Ciriani’s work was rightly shortlisted for the European Mies van der Rohe Prize in 1996. I recall visiting the completed building in the summer of 1995 and writing a short piece about it for Progressive Architecture. Ciriani’s Corbusian dogmatisms can be irritating but here was a building of lucid spaces and well handled light which merited respect and which I even published in the third edition of Modern Architecture Since 1900 (1996).

But respect is exactly what the Musée and its architect now lack. The catastrophic additions and demolitions underway have been carried out without the slightest consultation with Ciriani – a slap in the face anywhere, but a double insult and scandal in a country where architectural creations are supposed to be protected by copyright and ‘droits d’auteur’. By demolishing part of the façade at the northern corner and cutting into the triangle, the architects of the Département (who seem to remain anonymous) have done more than ruin a single piece of the scheme, they have totally disrupted the overall form and its action in space. Imagine slicing off a corner of the Villa Savoye for example, or smashing up a wing of the Petit Trianon. The Sarkozy influenced media rather enjoy painting the picture of the Midi, Marseilles and the Bouches du Rhône as a land of gangsters and dealers, but they forgot to mention that the land of banditism now extends into architecture. In the era of bling bling vast sums are spent placing gold leaf on the gates at Versailles and on exhibiting art market kitsch in the gardens there, but meanwhile modern buildings are being ruined by clumsy official interventions in the provinces. Wake up Frédéric Mitterand, Monsieur le Ministre de la Culture, the modern architectural culture supported by your uncle Président Mittérand is under threat and you need to do something about it! Those sacred principles of patrimoine should apply to modern and ancient alike.

LETTRE DE LA REVUE UME A JEAN-NOEL GUERINI

ume

EDITORS
HAIG BECK AND JACKIE COOPER


M Jean-Noel Guerini
President du CG13
Hotel du Departement
52 Avenue de St Just
13004 Marseille
France

30.4.2012

Cher Monsieur,

OBJ: Musée departmental Arles Antique


We are international architectural editors and publishers with forty years of experience. We have published the works of Henri Ciriani repeatedly over the decades because we consider him one of the world’s finest modernist architects. 
Ciriani is not only a great architect. As an architectural theorist and pedagogue, he enjoys an outstanding reputation.
It has been a huge shock to discover that Ciriani’s museum at Arles has been vandalised by authorities that evidently know of neither the architect’s international significance nor of the value of the built treasure they are the custodians of.
We write in support of the museum, of architecture, and of the patrimonie of France, and request that additions and alterations to the building be undertaken only with the full cooperation of the original architect. 
Also we request that where it has suffered damage caused through ignorance of the inviolability of its architectural integrity, the building be restored to the original design.
It would be an appalling and crass blemish on Arles to allow this magnificent architectural work to be disfigured through unsympathetic municipal action. Cities all over the world vie to build museums as beautiful and notable as Ciriani’s contribution to Arles. 
As Australians, we draw a comparison with the Sydney Opera House of Joern Utzon: it would be unthinkable to tamper wantonly with the building. 
It is unthinkable to tamper with the Arles museum without the advice and consent of M Ciriani.

Yours faithfully


Haig Beck and Jackie Cooper 

ume
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